Bas-Congo : des postes douaniers secondaires limitent les fraudes

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Poste frontalier de Lufu/Infobascongo
Poste frontalier de Lufu/Infobascongo
Poste frontalier de Lufu/Infobascongo

L’ouverture au Bas-Congo de postes secondaires de contrôle aux frontières, en juin, a réduit sensiblement la fraude. Ces nouveaux contrôles et l’obligation de résultats des douaniers augmentent nettement les recettes du Trésor public…

Depuis quatre mois, des agents de douane fortement équipés, en moyens de locomotion et de communication, sont déployés dans plusieurs postes de contrôle secondaires dans les territoires du Bas-Congo, à la frontière avec le Congo/Brazzaville et l’Angola. Ces postes, créés en juin, permettent selon les autorités de la Direction générale des douanes et accises (DGDA)/Bas-Congo, de mobiliser plus de recettes. Refusant de payer les taxes aux postes de Matadi et Boma, beaucoup de gens empruntaient des voies détournées pour passer leurs marchandises. « La présence de douaniers aux postes frontaliers des localités de Luozi à 200 Km au nord-est de Matadi rend de plus en plus difficile la fraude », confie avec regret Bruno Nsongani, vieux trafiquant à cheval entre la RD Congo et le Congo/Brazzaville. A l’opposé du marchand, l’administrateur adjoint du territoire de Luozi, Thérèse Banduenga, salue cette mesure. « Beaucoup d’argent échappait au Trésor public au profit des individus… », dit-elle désormais satisfaite. Des véhicules, du sucre, des fripes en provenance du Congo/Brazzaville transitent régulièrement par le territoire de Luozi.

Sanctions exemplaires
« Moins de fraudes, plus de recettes pour le Trésor public », témoigne un cadre de la DGDA à Matadi, Jacques Tutonda, sans donner de chiffres: « les agents affectés à ces postes douaniers ont l’obligation du résultat, précise-t-il, toute complicité ou compromission de leur part ne sera pas tolérée, leur carrière en dépend », laisse-t-il entendre. Lors d’une mission interministérielle diligentée par le gouvernement central à la DGDA/Bas-Congo début mars dernier, Patrice Kitebi, ministre délégué chargé des Finances, avait suspendu le directeur provincial de la douane, vingt-deux inspecteurs et quarante-cinq contrôleurs. Il leur est reproché de « n’avoir réalisé que 55% du montant leur assigné par le gouvernement central, 450 millions de dollars pour le mois de février ». « Le nombre de tonnes des marchandises enregistrées ne correspondait pas aux recettes réalisées », faisait remarquer le ministre.
Albert Mavungu, ancien vérificateur des douanes qui a travaillé à la plupart des frontières du Bas-Congo explique que « la procédure de dédouanement reste la même partout en RD Congo. Seulement, aux postes secondaires, le circuit est simplifié par rapport aux grandes villes telles Matadi ou Boma ». Certains usagers y voient cependant une forme de tracasserie. « Combien de barrières faudra-t-il passer pour arriver à Kinshasa ! », fulmine John Seke, un camionneur arrêté mi-septembre pour fraude au poste de Kinkanda à l’entrée de Matadi. Il transportait du carburant et d’autres produits à bord d’un gros véhicule bâché en provenance de Cabinda (Angola).
Encouragés par les résultats obtenus en quatre mois, les responsables de la DGDA/Bas-Congo pensent déjà mettre des dispositifs similaires au niveau de la frontière de Lufu (territoire de Songololo, à l’est de Matadi), actuelle plaque tournante du commerce transfrontalier entre la RD Congo et l’Angola. Là aussi les fraudes sont nombreuses comme l’explique une marchande : « je suis régulière au marché de Lufu, mais je n’ai jamais payé ni jeton de la DGM (Direction générale de migrations), ni les frais de douane pour les marchandises que je ramène de là pour Matadi. Nous avons nos voies (sentiers) détournées que nous empruntons pour contourner les services de douane. »

 

Emmanuel Lukeba

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