Bas-Congo : feux de brousse et coupes de bois menacent la biodiversité

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Feux de brousse/Photo Infobascongo

Au sud-ouest de Kinshasa, agriculteurs et chasseurs du Bas-Congo brûlent les herbes. Les uns pour enrichir le sol, les autres pour attraper les rats. Cette pratique, couplée à la coupe du bois, détruit l’écosystème de la province et dérègle le climat.

 

Bande de terre après feu de brousse/Infobascongo
Bande de terre après feu de brousse/Infobascongo

En cette saison sèche, plusieurs habitations du Bas-Congo sont couvertes de cendres de plantes brûlées. C’est le résultat des feux de brousse. « Notre sol s’est appauvri. Si nous ne brûlons pas la terre, nous n’obtiendrons pas de bonnes récoltes », soutient Anatole Malundama, un agriculteur de Boko, à 10 km de Matadi. Ce matin de juillet, il arrache de la végétation et la couche superficielle de l’humus, qu’il brûlera ensuite pour y semer des graines d’oignons et de tomates.
Selon Sacré Makalayeto, un agronome « la cendre obtenue est riche en potasse, indispensable pour la croissance des légumes. » Cependant, ces mêmes spécialistes condamnent cette méthode. « Elle détruit la structure du sol et les graines à germer et tue les microorganismes qui jouent un rôle très important dans la décomposition de la matière organique. C’est un danger pour l’agriculture ! », prévient Christian Ngiaba, un autre agronome.

Coupes abusives
Il n’y a pas que les agriculteurs qui brûlent les herbes. Pendant la saison sèche, les habitants qui chassent les rats le font aussi. Ils font ainsi partir en fumée des milliers d’hectares de savane pour mieux attraper leurs gibiers. Mais les uns et les autres causent ainsi préjudice à la nature. M. Pelenda, un médecin de Matadi, en a déjà fait les frais : « J’ai perdu plusieurs hectares de ma forêt à cause de ces feux de brousse. » Même plainte du côté des apiculteurs de Mbanza-Ngungu. « Nous risquons de ne plus récolter le miel, car le feu brûle nos ruches et fait fuir les abeilles », regrette l’un d’eux, qui réclame des sanctions contre les auteurs de ces ravages.
Outre les feux de brousse, le Bas-Congo est aussi victime de la coupe abusive du bois. Les ronronnements des tronçonneuses et les coups des haches se font régulièrement entendre dans ses savanes et forêts. Mme la maire de Boma, Marie-José Niongo traque les scieurs. Elle leur a déjà ravi des planches et des tronçonneuses et mis la main sur quelques uns : « Nous ne devons pas tout sacrifier en laissant couper abusivement les arbres. Nous devons tous nous impliquer pour sauver nos forêts afin d’éviter le réchauffement climatique. » De Kasangulu, porte d’entrée du Bas-Congo, à Muanda, la cité côtière, des plaques dénudées sont visibles, résultat de cette intense coupe de bois. La forêt du Mayumbe, un des poumons du monde, est en train de disparaître…

« Dérèglement climatique »
A Muanda, même la mangrove commence à être détruite. Pourtant, c’est l’unique forêt de cette cité côtière. « Ces pratiques dangereuses sont notamment à la base de la destruction de la couche d’ozone, du dérèglement climatique et de la disparition de la biodiversité », s’inquiète Christian Pululu, environnementaliste. Les habitants en ressentent déjà les conséquences. Les pluies sont parfois plus abondantes, parfois plus rares. Les animaux ainsi que les plantes sont exposés à la canicule. Les inondations sont désormais fréquentes, emportant des récoltes et des animaux. C’est ce qui est arrivé il y a deux ans à la JVL, une société agro-alimentaire de Kolofuma dans le district des Cataractes. A Matadi, Boma et dans d’autres contrées, des pluies torrentielles ont fait écrouler des maisons et tué des personnes. Les récoltes ne sont pas épargnées. « La saison culturale passée, j’ai obtenu un mauvais rendement à cause des pluies », se souvient Mamie Basilua Mahungu, une cultivatrice du manioc. « Le calendrier agricole est très perturbé. Nous sommes en train de tâtonner », se lamente Pierre Ndonda, un paysan.
Une des rares bonnes nouvelles vient du Programme des Nations unies pour le développement. M. Pululu informe que « le Pnud a initié il y a trois ans un projet pour que chaque village constitue une réserve stratégique pour restaurer la biodiversité et le climat. » Déjà mis en œuvre à Madimba et Kasangulu, deux des 10 territoires de la province, il consiste entre autres aux paysans de reboiser la forêt pour lutter contre la dégradation et la déforestation de leur milieu de vie.

 

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