Kinshasa: les sachets en plastique étouffent la ville

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sachets (Syfia Grands Lacs/RD Congo) Les emballages en plastique encombrent et enlaidissent la capitale congolaise. Pour redonner de l’éclat à la ville, les autorités en ont interdit la fabrication au profit d’emballages biodégradables encore très rares. Mais les mauvaises habitudes des habitants ont la vie dure… 

Petits ou grands, blancs, bleus, noirs, rayés, les sachets en plastique sont omniprésents dans les rues de Kinshasa, la capitale congolaise. Dans la cité ou au centre-ville, des milliers de sachets jonchent le sol, bouchant les canaux d’évacuation des eaux usées, volant partout dès que le vent se lève… Une décoration des places publiques et des rues peu reluisante ! Cette pollution ne semble pour autant pas déranger les habitants de la ville.

D’ailleurs, ce sont eux qui en sont la cause, jetant négligemment les sachets utilisés n’importe où ils passent. Et ils n’en sont pas avares au cours de leurs emplettes et dans leur vie quotidienne. Le moindre produit y est emballé comme les beignets vendus par Christine Mbala le long de l’avenue Université. Elle se dit bien consciente du problème qu’ils causent mais se demande ce qui, à l’heure actuelle, peut les remplacer.  

Pour Sylvain Gomo, 71 ans, habitant Kingasani, cité dortoir de Kinshasa, ce sont les gens qui sont inciviques : « Les sachets plastiques n’ont quand même pas atterri tous seuls à l’intérieur des cités, sur les places publiques, dans les rues, soit partout où l’on jette un regard, il y a des sachets qui gisent le sol « , dit-il. « C’est bien malheureux car à la télévision, lorsqu’il m’arrive de suivre, par exemple, le tour de France de cyclisme, je suis ébahi par la propreté de toutes les étapes, où pas un papier et encore moins un sac en plastique ne traîne. Il y a vraiment de quoi se poser quelques questions« , regrette le vieil homme qui balaye inlassablement la cour de sa parcelle. De même au Rwanda où l’utilisation de ces sachets, remplacés par des sacs en papier, est interdite, les villes sont propres.

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La durée de vie de ces poisons de l’environnement jetés dans la nature peut aller jusqu’à 100 ans, voir plus et les brûler dégage des gaz nocifs. Ils contribuent ainsi à la pollution par incinération qui génère de nombreux polluants chimiques comme les dioxines et concentre les métaux lourds comme le mercure, le plomb et le cadmium ou l’arsenic. « C’est un gros problème au niveau de la ville. Nous tentons de sensibiliser les gens mais il persiste toujours« , explique Kitenge, cadre à Bopeto, une Ong spécialisée dans la collecte des ordures ménagères.

Selon lui, l’implication de tous les citoyens est nécessaire. C’est pourquoi il suggère aux autorités de la ville de renforcer l’effort d’information et de sensibilisation envers des ménages, sur la nécessité de limiter leur consommation de sacs en plastique au minimum. Kitenge dit aussi encourager la création de micro-entreprises opérant dans la collecte et la récupération de sachets pour leur recyclage. Pour Joseph Babia du Réseau des ressources naturelles, (RRN) il faut travailler à créer une économie de l’environnement à travers des projets qui tout en contribuant à l’assainissement, permettent la création d’emplois.

Sévir   

Depuis trois mois, les télévisions kinoises montrent les images de la police détruisant desusines de production d’eau en sachet dans la capitale congolaise. Le ministre de l’Industrie, petites et moyennes entreprises, Rémy Musungayi Bampale a donné un tour de vis en interdisant la fabrication d’emballages en plastique.

Le ministre explique que ces sacs plastiques posent de sérieux problèmes à l’environnement du fait de leur impact très négatif sur la gestion des sols. Dans les zones urbaines, ils entraînent entre autres de graves problèmes d’infiltration des eaux. A la place, il exige la fabrication de sachets biodégradables qui se décomposent rapidement (6 mois à une année); déjà utilisés dans de nombreux pays, y compris africains. Près de 6 mois après l’expiration du moratoire du gouvernement, les mesures alternatives pour pallier ce désastre écologique peinent à s’imposer sur le marché notamment les sachets dégradables par manque de subvention de l’Etat et des réseaux solidement implantés de pirates. En attendant un peu de civisme pourrait déjà améliorer la situation.

Didier Kebongo

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