Mbandaka : Accepter une seconde femme pour souffler un peu

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(Syfia-Grands Lacs/RD Congo) Autoriser leurs maris à prendre une seconde femme est pour les épouses de pêcheurs de Mbandaka, chef-lieu de la province de l’Equateur, une solution pour réduire les nombreuses tâches auxquelles elles doivent faire face et pouvoir souffler un peu. …

1-1314277815-zuma-polygameElise Nyaliya est épouse de pêcheur. Accompagnée de femmes et d’enfants elle vient à Wenji Secli, célèbre marché situé à environ 20 km en aval de Mbandaka dans l’Equateur pour y écouler des marchandises et faire des emplettes. Aussitôt arrivée, elle fait les présentations : « celle-ci est ma rivale, elle s’appelle Esther… », dit-elle, souriante. Etonnée, une femme de l’assistance n’en croit pas ses yeux et trouve qu’Elise a beaucoup changé, compte tenu de sa réputation d’épouse très jalouse. Mais face aux multiples tâches éreintantes, Elise a autorisé son mari à prendre une deuxième femme. Histoire pour elle de pouvoir souffler un peu. « Je me suis rendue compte que plus le temps passait, plus le fardeau devenait encombrant pour moi, surtout avec le nombre croissant d’enfants. C’est ce qui m’a poussé à me résigner, à accepter une troisième personne au sein du foyer », argue-t-elle.
A Mbandaka, les épouses des pêcheurs sont astreintes à une multitude de travaux. Véritables « femmes aux mille bras », elles sont toujours au four et au moulin : se lever très tôt le matin pour aller à la pêche, effectuer les travaux de fumage ou de salaison des poissons, aller chercher du bois de chauffe pour la cuisine, faire la lessive ou la vaisselle, s’occuper des enfants…sont là, autant des tâches qui constituent leur lot quotidien.
« Se partager les tâches », est la réponse qui revient invariablement sur toutes les lèvres des premières dames des pêcheurs, lorsqu’on leur demande pourquoi elles ont accepté que leur mari soit polygame. Mélanie, l’une d’elles confie que depuis qu’elles sont à deux, elle trouve des moments de répit : « Quand je vais à la pêche, c’est ma rivale qui s’occupe du ramassage du bois de chauffe. Si l’une fait la lessive, l’autre s’active à cuisiner. A la rentrée des classes, elle reste avec notre époux, moi je m’installe avec les enfants en ville et on se complète… », raconte-t-elle. Selon Benoît Maleka, enseignant à l’Institut supérieur de pêche de Mbandaka,  »la polygamie dans le monde des pêcheurs s’expliquerait par le fait que le métier est rude et nécessite une conjugaison d’efforts : être seul ou même monogame n’offre pas de garantie de succès… »

 

Mathieu Mokolo

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