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    Bas-Congo:Choisir son conjoint pour ne pas avoir des enfants anémiques

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    (Syfia Grands Lacs/Rd Congo) Dans le Bas-Congo où plus de 30% des enfants souffrent d’anémie, des Eglises et autorités sanitaires de la province incitent des jeunes qui veulent se marier à s’assurer qu’ils ne sont pas tous deux porteurs du gène de la drépanocytose qu’il transmettrait alors à leurs enfants. Une contrainte salutaire pour la vie en couple auquel tous cependant ne se plient pas…

    A Matadi, chef-lieu du Bas-Congo, l’hôpital Saint Gérard à Mikondo est le seul centre médical spécialisé dans la prise en charge des enfants anémiques. Les médecins qui y travaillent sont formels : dans cette province située au sud-est de Kinshasa, « 1/3 des personnes sont des potentiels parents d’enfants drépanocytaires (anémiques). » D’après le Dr Jean-Fidèle Kaluila, le taux de prévalence de cette maladie, une anomalie de l’hémoglobine du sang qui fait beaucoup souffrir les enfants et les rend anémiques, est de 34 à 35%. Il s’agit d’un problème « réel dans la communauté« , ajoute Dr Martin Bungu, qui s’est déjà occupé des enfants drépanocytaires. Il faut, dit-il, un « un dépistage précoce, une forte sensibilisation des populations si nous voulons éviter d’avoir des enfants SS (c’est-à-dire atteints de drépanocytose, Ndlr). »

    Depuis quelques années et avant toute bénédiction nuptiale, des Eglises locales informées du projet de mariage de leurs fidèles, exigent qu’ils passent d’abord des examens médicaux, pour déterminer s’ils risquent de donner naissance à des enfants drépanocytaires. Pour que ce soit le cas, il faut que les deux parents soient porteurs du gène S. Mais les gens qui ne sont porteurs que d’un gène S ne sont pas malades et ne savent pas qu’ils peuvent transmettre la maladie si leur conjoint est comme eux. Si, dans le couple, un seul est porteur, l’union ne pose pas de problèmes. « Je ne peux pas bénir un couple incompatible car les mariés doivent s’asseoir sur une chaise solide« , prêche à des jeunes fiancés, le révérend Octave Ndungi, de l’Eglise kimbanguiste, très répandue dans la province.

     Savoir faire le choix

    Ces exigences sont déjà assez courantes en matière de Vih/Sida. Des pasteurs demandent aux jeunes prêts au mariage de passer des tests pour s’assurer qu’ils vont bénir des couples non atteints par le virus. « Nous avons la foi certes, mais il y a des choses que nous pouvons résoudre par l’intelligence« , confie Maurice Mwehu, de l’Eglise La Borne de Matadi. Pour lui, il n’est pas question de se mêler de la vie privée des gens, mais de contribuer au bonheur de jeunes couples. « Si nous pouvons éliminer les éléments susceptibles d’entraver ce bonheur, pourquoi pas ? Et les jeunes qui suivent nos enseignements se soumettent à nos exigences. »  

    La vie des couples qui ont des enfants anémiques est, en effet, infernale. Comme le témoigne Nelly Nketi, une mère de famille qui a perdu sa fille à la fleur de l’âge (13 ans). « Elle faisait des crises chaque mois, et nous dépensions chaque année au moins 1000 $ pour ses soins« , dit-elle, les yeux larmoyants. Seule de sa fratrie à porter l’hémoglobine S, Francine Nkulu a, elle, tôt pris conscience des risques de se marier avec un homme ayant le même gène. « Cela m’a beaucoup aidé dans le choix de mon futur conjoint. Quand j’ai grandi, je demandais toujours l’examen de l’hémoglobine aux prétendants, qui me trouvaient trop exigeante« , raconte-elle.

    D’autres jeunes, aveuglés par l’amour, passent outre les recommandations de leurs pasteurs. S’ils apprennent qu’ils ont tous les deux le gène S, ils vont faire bénir leur union ailleurs, là où c’est moins exigeant. « L’amour est un sentiment fort, mais pour une bonne progéniture, mieux vaut dans ce cas ne pas s’unir« , avertit Nelly, qui en a beaucoup souffert.

     Dépister et vaincre l’ignorance

    En 2006 et 2009, le ministère provincial de la Santé et l’hôpital Saint Gérard avaient battu campagne pour dépister et attirer l’attention des habitants de Matadi, sur les inconvénients de tels mariages. Un bus mobile circulait dans les rues de la ville avec des médecins à bord, pour parler à la population, souvent surprise de voir naître de certaines unions, des enfants atteints de l’anémie SS. Ignorants les causes de la maladie, la plupart de gens pensent vite au mauvais sort, à la sorcellerie. « Pour avoir la drépanocytose, il faut avoir hérité de chacun des parents une copie du gène malade, l’hémoglobine S« , expliquait lors de cette campagne, le Dr Jean-Fidèle Kaluila.

    Cinq-cents personnes porteuses du gène avaient alors été dépistées. Un nombre insuffisant, selon Dr Kaluila. Il se dit d’ailleurs surpris que des médecins qui reçoivent les enfants dans leurs hôpitaux, pensent beaucoup plus au paludisme, alors que le taux de prévalence de l’anémie SS est aussi élevé dans la province. Rien que dans les écoles de Matadi, une enquête menée dans le cadre des travaux de fin d’études des Instituts des techniques médicales révèle, notamment, que 39% des élèves de la ville sont porteurs de l’hémoglobine S.

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    1 COMMENTAIRE

    1. J’ai juste une préoccupation : est-ce de manière systématique que une fois que les deux parents sont AS les enfants seront SS? N’y a t il pas de possibilité que les enfants soient AS.
      quelqu’un m’aurait que c’est des probabilités. il peut y avoir 25% de chance d’une part et 75% de chance d’autre part.
      J’aimerais avoir l’avis d’un spécialiste

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