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mercredi, mai 1, 2024
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    Matadi : apprendre la vie dans des ‘ministères’

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    Une église de réveil à Kimpese/Infobascongo

    Au Bas-Congo, à Matadi, de nombreuses jeunes femmes fréquentent les ‘ministères’. Conseillées dans ces assemblées religieuses par d’autres femmes, elles rêvent de trouver un bon conjoint ou de sauver leur couple.

    A Matadi, chef-lieu du Bas-Congo, des ‘ministères’ attirent de plus en plus de jeunes mères et filles en quête « de stabilité au foyer ou de mari ». Dans ces assemblées religieuses animées par des femmes, on dispense des enseignements bibliques, mais aussi des leçons d’initiation au mariage, à la vie de couple, au comportement à adopter vis-à-vis de sa belle-famille, aux enfants nés hors mariage, etc. Un ensemble de thèmes qui attirent beaucoup de jeunes. « J’ai appris comment faire les soins intimes grâce au ‘ministère’. J’ai appliqué les enseignements à la lettre et aujourd’hui mon époux me félicite », témoigne une femme au foyer.
    « Aujourd’hui, j’ai pu gagner une vingtaine de jeunes filles mères et de prostituées. Elles ont été sensibilisées à abandonner leur ancienne vie. Certaines ont actuellement un travail, d’autres se sont même mariées », se réjouit Annie Ngenga, initiatrice du ‘ministère’ Abigaël qui encadre des jeunes filles depuis quatre ans environ.

    Préparation au mariage
    Depuis une dizaine d’années, des dizaines de ‘ministères’ ont vu le jour à Matadi et leur nombre ne fait que croître. Au cours de leurs réunions, un accent particulier est mis sur la responsabilité de la jeune fille. « Nous les persuadons que les hommes ne font pas de cadeaux pour rien ! En plus, nous les orientons dans plusieurs domaines de la vie », informe Aline Kawubu, présidente du ‘ministère’ La bonne part. Célestine Yala, initiatrice du ‘ministère’ Sunem, révèle qu’ »outre la prédication biblique, nous insistons sur la sexualité, surtout aux mariées. Aux célibataires, nous leur demandons d’attendre patiemment le mariage conformément à la parole divine ».
    Pour toutes ces femmes leaders, la préparation au mariage est un aspect crucial. « Mon message est clair. Dans ma vision, je ne cesse de ressasser à ces filles que la prostitution n’est pas une bonne voie. Elles doivent craindre Dieu. Lui seul est capable de leur donner un époux, de l’argent, bref tout ce qu’elles désirent », affirme Annie d’Abigaël. Et leur message semble porter, comme en témoigne Marie-Louise, devenue couturière après une vie d’errance : « Je suis convaincue que Dieu peut me donner mon propre mari. Courir derrière les hommes mariés ne résoudra pas ma misère. J’ai appris que Dieu est capable de restaurer une vie. Je suis devenue une nouvelle créature en venant à Lui. Les choses anciennes sont passées. »

    Assemblées peu encadrées

    Ces ‘ministères’ disent combler le vide dans la province où le poids de la coutume empêche souvent la jeune fille d’avoir des informations utiles. « Les parents ont du mal à parler de sexualité en famille. Ce qui pose ensuite de sérieux problèmes quand elles se marient », affirme Chantal Bokonge du ‘ministère’ Femmes qui se lèvent comme des mères. D’où la démarche de ces assemblées. « Nous récupérons même celles qui sont déjà mariées, mais qui se sont unies sans initiation préalable. Raison pour laquelle beaucoup de foyers sont malades. Chez nous, elles apprennent tout jusqu’à ce qu’il faut faire avant, pendant et après le rapport sexuel », assure Célestine Yala.
    Même des désaccords profonds trouvent parfois ici des solutions. « Mon épouse se comporte de mieux en mieux depuis qu’elle fréquente « Aglow ». Autrefois, elle avait du mal à accepter mes deux filles. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Elle est aussi d’accord de vivre avec ma vieille maman », témoigne un mari.
    Pour atteindre un grand nombre de jeunes filles, ces ‘ministères’, tenus en majorité par des « visionnaires » auto-proclamées, venues de Kinshasa, organisent régulièrement des campagnes et des conventions publiques. D’autres ont des émissions dans les médias de la place. Des assemblées que les autorités peinent à encadrer… « Leur nombre n’est pas connu, car la plupart ne sont pas inscrites à la division provinciale. Malgré tout, nous recourons souvent à elles pour faire passer les messages sur la vaccination ou le choléra. Là au moins, nous sommes sûrs d’atteindre un grand nombre de femmes », reconnait Elisabeth Matondo de la division provinciale du Genre, famille et enfant.

    Bénita Sambu

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