(RCN-INFOSUD/SYFIA) Sur les routes du Bas-Congo circulent nombre de véhicules, notamment de transports en commun, en mauvais état. Pour éviter les contrôles, certains chauffeurs ne rentrent plus à Matadi. Exposant toujours la vie de leurs passagers. Le décès d’un bourgmestre, fin avril, a provoqué une prise de conscience.
« C’est une obligation morale et légale. Il faut régulièrement faire contrôler l’état technique de vos véhicules auprès de nos experts pour préserver des vies humaines. » Tel est le message que vulgarise dans les médias Alexis Nzambeda, le responsable local de la société congolaise de contrôle technique d’automobiles (SCCT), implantée à Matadi, à l’Office des routes, depuis janvier 2012. Ses techniciens contrôlent tous les systèmes du véhicule : lumière, pollution, freinage, suspension, jusqu’aux accessoires.
Certains chauffeurs des véhicules de transport en commun ont décidé de ne desservir que les lignes hors centre ville par crainte d’être contrôlés. Même chose sur la rive droite du fleuve Congo où des pick-up s’arrêtent au niveau du débarcadère : les passagers munis des produits vivriers à vendre à Matadi traversent par bac.
Prise de conscience
Un fait divers a permis une prise de conscience : le 20 avril dernier à 19h 30, un accident a cause la mort de neuf personnes et fait plusieurs blessés graves dans la commune de Mvuzi, non loin de la résidence du bourgmestre. A en croire des témoignages, le véhicule était en mauvais état. Alerté, le bourgmestre s’était rendu sur les lieux. Là, il fut victime d’un accident vasculaire cérébral. Hospitalisé à l’hôpital de Kinkanda, puis à Kinshasa, il décèdera. Coïncidence ou émotion liée à la vue des victimes, cette mort a interpellé l’autorité provinciale. L’affaire a été portée en justice, bien que le véhicule impliqué et son conducteur n’aient pas été retrouvés.
Des membres de l’ASBL Association Bana Matadi (ABM), dont faisait partie l’infortuné, ont même préconisés que l’assemblée provinciale puisse prendre un édit interdisant la circulation des véhicules sans fiche de contrôle technique. Gustave Tifio, un ancien chauffeur parmi ceux refusant de rentrer en ville, avoue : « Nous avions décidé de ne conduire que la nuit, après le départ des agents qualifiés de la circulation routière. »
Anastasie Wumba, témoin oculaire de l’accident, propose une solution radicale : « Si l’Etat est incapable de faire appliquer la loi sur le contrôle technique de ces véhicules devenus presque des cercueils roulants, qu’il confie cette tache aux jeunes sous forme de brigade ».
Julien Mandondo, activiste des droits de l’homme, souhaite quant à lui que « la police de circulation routière maintienne ses éléments postés dans les points chauds de la ville 24h/24, car c’est la nuit que circulent ces véhicules défectueux ».
Prévention
Pour la CNPR (Commission nationale de la Prévention routière) du Bas-Congo, par prévention routière il faut entendre « l’ensemble des mesures prises afin d’éviter les accidents de la route ». Ces experts éduquent, informent et forment les conducteurs sur la signalisation, la réglementation, la courtoisie, bref, la « bonne conduite » en général. Cependant ils s’inquiètent du nombre de véhicules non contrôlés.
Mi-août 2012, le gouvernement provincial du Bas-Congo a signé un protocole d’accord avec la SCCT pour assurer le contrôle obligatoire de tous les véhicules circulant entre Matadi et Kinshasa, afin de « réduire le nombre d’accidents liés au mauvais état des véhicules desservant cette ligne d’intérêt général et prioritaire », précise ledit protocole.
Sans toutefois oublier que le nouveau code de la route prévoit « la mise en fourrière pure et simple de tout engin jugé techniquement anormal par les experts en la matière ».
Emmanuel Lukeba
