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    Bas-Congo, un boulevard pour les clandestins

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    un clandestin zimbabween passe la frontière/Photo internet
    un clandestin zimbabween passe la frontière/Photo Internet

    Le Bas-Congo, frontalier de l’Angola, est depuis plusieurs années un lieu de passage pour les clandestins Ouest-Africains. De plus en plus d’habitants de la province s’exilent, eux aussi, dans l’espoir de faire fortune dans le pays voisin avant de partir en Europe.

    « J’ai passé plusieurs années à Bamako sans la moindre occupation en dépit de mon diplôme de graduat en sciences économiques. J’ai alors décidé de quitter l’Afrique pour l’Europe, via la ville angolaise de Cabinda », explique un Malien interrogé à Boma (Bas-Congo), en mai dernier, par deux éléments de la Direction générale de migration (DGM). Un pot de vin aidant, il a ensuite été relâché…
    Une dizaine d’Ouest-Africains seraient arrêtés chaque trimestre. Fin juin, au village Luvuvamu (80 km de Matadi), un véhicule avec une dizaine d’entre eux a été surpris par des paysans pendant que l’un d’eux était descendu se soulager… En l’absence d’un agent de l’ordre sur place, ce véhicule à la carrosserie hermétiquement bâchée a pris la direction de Matadi. « Je les ai reconnus à leur morphologie », affirme, sous anonymat, une femme de la capitale provinciale qui s’approvisionne en produits agricoles à Kimpese.
    Hantés par leurs rêves d’avenir doré en Europe, ces clandestins sont prêts à tout endurer. Ils émigrent d’abord dans les villes angolaises de Cabinda, Soyo et Mbanza-Congo. Ils espèrent y faire fortune avant de s’envoler en Occident. L’un d’entre eux, fraîchement expulsé d’Angola, raconte : « A Soyo, je n’avais que ma volonté de réussir, mais j’avais fini par y arriver », assure-t-il. « Les sous glanés m’avaient permis d’avoir mon passeport et mon visa pour le Portugal. Malheureusement, à deux jours de mon voyage, j’ai été arrêté puis refoulé », regrette ce Guinéen dont toutes les économies ont été dérobées par la police angolaise lors de son expulsion.

    Coup dur pour l’économie locale
    L’engouement des clandestins pour l’Europe, via l’Angola, s’explique par la misère et le chômage qui sévissent en Afrique. Par ailleurs, la réussite affichée par certains compatriotes, actuellement présents en Occident, en attire beaucoup d’autres, de même que des habitants du Bas-Congo, même s’il est difficile de savoir combien de ces derniers tentent l’aventure, car la plupart emprunte des voies frauduleuses… « J’ai des frères, des camarades de classe qui m’ont précédé en Angola. Je dois les suivre pour avoir des facilités, moi aussi, à atteindre l’Europe », semble décider un habitant de Trabeka, un quartier de Matadi.
    Fort des témoignages souvent enjolivés de Congolais et de Ouest-Africains encore en transit en Angola qui attendent de partir pour l’Europe, plusieurs villes du Bas-Congo se vident progressivement. Un coup dur pour l’économie locale… De nombreux villages qui, il y a dix ans, alimentaient Kinshasa, Matadi et Boma en produits agricoles, ne le font plus. Cultivatrices et cultivateurs ne jurent que par l’Angola et l’Europe. Du coup, ils ne s’adonnent presque plus aux activités agricoles. Conséquence : les prix des bananes, maniocs, patates douces, etc. qui venaient autrefois des campagnes, augmentent de jour en jour. Des légumes et des fruits, comme les aubergines, se font de plus en plus rares sur les marchés.

    Renforcer les contrôles
    Si les Congolais s’arrangent très souvent avec certains services publics qui leur facilitent la tâche pour fouler le sol angolais, les Ouest-Africains s’appuient, eux, sur un réseau mafieux. Un agent de la DGM, sous le couvert de l’anonymat, relatant les déclarations d’un Ouest-Africain arrêté et entendu à Matadi, fin 2008, révèle : « Ils atteignent souvent Kinshasa de nuit par petits canots ou par pirogues, en provenance de Brazzaville. A Kinshasa, poursuit-il, ils sont encadrés par certains Congolais, agents de services spécialisés de sécurité, qui les embarquent dans des véhicules vers le Bas-Congo. Là-bas, ce réseau dispose également de représentants qui, à leur tour, les conduisent vers les frontières congolaises. »
    Pour éviter que le Bas-Congo ne soit un boulevard pour ces clandestins vers l’Angola et pour freiner l’exode des Congolais, Albert Semana, ancien directeur de la DGM/Bas-Congo récemment muté, préconise de « mettre en place des méthodes fortes de contrôle des mouvements des Ouest-Africains et des Congolais à travers tous les postes frontaliers de la province censés être verrouillés. » Il suggère notamment la fouille systématique et obligatoire de tous les véhicules porte-containers dans lesquels sont souvent entassés les clandestins. La création des postes de contrôle à plusieurs endroits de la nationale n°1 entre Kinshasa et Muanda, » conclut-il, est aussi « indispensable ».

    Par Dieudos Muaka

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