C’est l’histoire glaçante d’une belle petite fille de 14 ans. Je l’appellerai Aicha pour des raisons d’anonymat. Elle aurait été abusée sexuellement par douze garçons de son école: Sacré-Coeur, ex-école Belge au ciné-palace, à Matadi. Filmée, la vidéo est déjà devenue virale. Aicha, elle, est inconsolable.
Dans une maison de ciné-palace, au quartier ville-haute, je rencontre le père et l’oncle de Aicha. L’air hagard, ils semblent avoir perdu tout espoir. »Je ne dors plus, je peine à manger. On a abusé de ma fille », me raconte-t-il triste. »C’est un cauchemar », ajoute son oncle qui brédouille quelques phrases avant de me relater le récit.
Histoire rocambolesque
La scène se déroule le 30 octobre dernier avant que les élèves du Sacré-Coeur aillent en détente. Les enseignants de cette école de renom livrent une partie de football avec leurs élèves. La rencontre finie à 12 heures, c’est la fête à l’école. C’est alors que douze garçons de cette école drainent Aicha dans la maison d’une famille bien connue à Matadi, vers le rond-point Londe. Certains sont des enfants des hautes autorités de la province. »Ils l’ont droguée en dissimulant du whisky dans une cannette de jus », explique l’oncle. Il me montre la vidéo. Que de images insupportables: un véritable abus sexuel collectif. Je n’avais rien vu de tel. Des vidéos comme ça, il y en a trois. »Nous ne savions rien. C’est depuis l’Europe qu’une de nos filles nous les a envoyées le jeudi passée, raconte-t-il, la voix nasillarde. Dans la ville, ces vidéos font boule de neige. »Une femme du quartier nous les a aussi apportées », affirme l’oncle.
»Nous voulons que justice soit rendue »
Le jour du drame Aicha est rentrée à 17 heures à la maison. Quand les parents lui ont demandé, le 7 novembre, ce qui s’est passé, elle ne reconnaissait plus rien. Mais quand elle a vu les vidéos, prise comme dingue, elle a commencé à se mutiler. »Nous l’avons conduite à l’hôpital ». Son oncle informe que trois de ces enfants sont interpellés au parquet général. D’autres sont recherchés.
Tout au long de l’entretien, sa mère n’est jamais sortie de la maison. Son époux revient nous transmettre son message: »le rapport médical démontre qu’il y a eu rapports sexuels ». Elle est sous antibiotiques à cause des infections. Cette femme ne quitte plus son salon depuis qu’elle a appris la nouvelle. »Nous voulons que justice soit rendue », exige son père.
La famille aussi a saisi l’association des femmes juristes congolaises (Afejuco).
C’est demoniaque et pitoyable.
Pour la sérénité de la victime, ses parents doivent l »éloigner de Matadi pour un autre milieu afin de remettre la confiance dans son for intérieur.