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    Matadi: Vendre pour se payer l’école

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    Au loin,un enfant mineur entrain de vendre/Infobascongo

    (InfoSud-RCN/Syfia) A cause de la pauvreté de leurs parents, des écoliers vendent des marchandises à la sauvette, après l’école ou pendant leurs vacances. Ils peuvent ainsi payer eux-mêmes leurs frais de scolarité. Pourtant, la loi interdit aux mineurs de pratiquer le commerce.

    Tata, 9 ans, vend les oranges de sa mère jusque tard dans la nuit. Il habite Mvuadu, un quartier pauvre de Matadi (365 km de Kinshasa). Chaque jour, il parcourt plusieurs kilomètres, hélant les clients en espérant parvenir à vider sa bassine. Parfois il pénètre dans des bureaux, y compris des ministères, profitant de son jeune âge qui émeut les gens. Il est même devenu l’ami d’un ministre, qui l’aide un peu.

    Nombreux sont les mineurs qui, comme Tata, exerçent de petits commerces. « Nous sommes neuf dans la famille. Si je ne vends pas pour gagner un peu d’argent, je ne pourrai jamais continuer à aller à l’école », explique tristement Neige M., 12 ans. Cette fille de militaire vend de l’eau en sachet pendant ses congés en espérant parvenir à gagner assez d’argent. « Ma mère me rappelle souvent qu’elle est veuve, qu’elle prend la place de feu notre père et que nous n’avons pas le choix : nous devons vendre pour survivre », ajoute de son côté Kevin B., 16 ans. Lui aussi vend des fruits, sur la principale route de Matadi. Verlin N., 15 ans, parents cultivateurs, se réjouit fin août d’avoir pu acheter quelques fournitures grâce à la vente d’œufs. Autant d’exemples d’une pauvreté endémique, qui rend dérisoire l’article 38 de la loi du 10 janvier 2008 portant protection de l’enfant : « Tout enfant a droit à l’éducation. Les parents ont l’obligation d’envoyer les enfants à l’école sans aucune discrimination. »

    Immoral ?

    Les enfants qui se retrouvent dans la rue à vendre sont souvent ceux de fonctionnaires, militaires et policiers. Le salaire de leurs parents varie entre 35 000FC et 50 000 FC (39$ et 50$). « Avec ça, nous n’avons pas le choix si nous voulons que nos enfants étudient », argumente un parent. « Nous sommes victimes de la turpitude et de la corruption de nos dirigeants. Dans ces conditions, je trouve normal que nos enfants se débrouillent », renchérit Didier Mambweni, vice-président de la société civile du Kongo Central. Parmi ces enfants, certains y prennent goût et continuent leur commerce les jours d’école. « Je vends le matin et je vais à l’école l’après-midi », confesse ainsi Kevin.

    Claude Francis Nsimbi, coordonnateur provincial du groupe de justice pour enfants et président du tribunal de paix de Matadi, ne partage pas cet avis : « Je comprends que les parents sont en difficulté mais je trouve immoral de laisser les enfants dans la rue, de les soumettre au travail pour qu’ils rapportent de l’argent », estime-t-il. Et d’avertir : « C’est la responsabilité des parents de scolariser leurs enfants ; les envoyer vendre pour payer les frais de scolarité est une grave erreur qui pourrait mener à des sanctions. »

    Livrés à eux-mêmes

    Vulnérables, des filles qui vendent jusque tard dans la nuit se livrent à la prostitution, et tombent enceinte sans connaître l’auteur de la grossesse. D’autres sont victimes de viols ou d’abus. Le rapport de la synergie provinciale de lutte contre les violences sexuelles signale que « 276 cas ont été signalés depuis le début de l’année et que l’âge des victimes varie entre 11 et 14 ans ». Le constat est, hélas, toujours le même : « Il faut avant tout lutter contre la pauvreté », déclare Jules César Mayimbi, coordonnateur de cette synergie.

    Hélène Sodi

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