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    Maroc:des mineures congolaises forcées à se prostituer

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    Convoyées entre la RD Congo et le Maroc par des passeurs sans scrupules vers l’Europe, des mineures congolaises, tenues en quasi-esclavage, sont contraintes de se prostituer au Maroc ou en Algérie. Et ce sont leurs familles à Kinshasa qui sont les premières responsables de cette situation.

    clandestins/Photo www.lematin.ma
    clandestins/Photo www.lematin.ma

    Habillée d’un pantalon bleu moulant qui laisse deviner ses formes, d’un body immaculé qui ne cache pas ses seins et chaussée des bottes noires qui remontent jusqu’à ses genoux, Evelyne, arpente la rue qui borde un sordide immeuble situé à J5, ce quartier de Rabat où logent la majorité des Africains qui vivent dans la capitale marocaine. « Psitt ! », siffle-t-elle à l’approche d’un homme d’un certain âge portant des paquets. ‘’Chéri, on monte?’’, lance-t-elle en roulant les hanches.

     Agée de 15 ans, cette jeune fille originaire de Kinshasa se prostitue depuis deux ans. C’est à Maghnia, ville algérienne située à la frontière maroco-algérienne que tout a commencé. « Pour gagner le Maroc, j’ai été poussée à me prostituer dans le camp de transit où campent les candidats à l’immigration« , raconte-t-elle. Si cette mineure, comme de nombreuses autres petites Congolaises, est aujourd’hui contrainte de faire « le plus vieux métier du monde« , c’est à ses proches qu’elle le doit.

     En 2011, chassée de chez elle à Makala, quartier populeux de Kinshasa, elle a du vivre dans la rue, comme de nombreuses fillettes congolaises victimes de la folie des adultes. « Ma famille m’a jeté dans la rue parce qu’un pasteur a prophétisé que j’étais une sorcière« , affirme-t-elle. Au gré d’une rencontre avec un « coopérant« , passeur de migrants en jargon kinois, elle s’était vue proposer un voyage en Europe contre des faveurs intimes. « Quand ya Guy, mon coopérant, m’a promis le voyage, je n’ai pas hésité à coucher avec lui« , raconte-t-elle sans remords.

     Proies des « coopérants »

    Evelyne, une shegue (enfant de la rue), était une proie facile pour ce « coopérant ». Mais elles ne sont pas toutes dans la même situation. « Moi, un coopérant avait proposé à ma famille de me convoyer en Europe auprès de ma sœur qui vit à Lyon moyennant 3 000 $. Celui-ci avait laissé entendre à mon père que nous prendrions l’avion à Brazzaville, mais c’est par la route, pays après pays, que je suis arrivée ici au Maroc« , témoigne Mimi, une fille de bonne famille.

     La périlleuse aventure de ces mineures commence ainsi dans les rues de Kinshasa. « Les coopérants qui vivent en Europe« , soutient un responsable de l’ambassade de la RD Congo au Maroc, vont au pays chercher ces mineures afin de les convoyer en Europe auprès de leurs parents ou de leurs frères et sœurs« .

     Pour des frais de voyage qui varient entre 3 000 et 5 000 $ pour ceux qui peuvent payer cash ou verser un acompte, le voyage commence par Brazzaville. « Là-bas, raconte une mineure sauvée par Voix de femmes migrantes au Maroc, ils nous placent dans une chambre louée d’avance où filles et garçons dorment ensemble à même des nattes« . Puis, dans les mêmes conditions, le voyage se poursuit par le Cameroun, le Nigéria, le Niger et l’Algérie via le désert du Sahara pour finir par le Maroc.

     Le long de ce voyage, ces mineures subissent la loi de leurs bourreaux. « Chemin faisant, c’est d’abord les « coopérants » qui commencent à abuser de nous  avant de nous pousser à la prostitution quand l’argent vient à manquer« , déclare une rescapée. En plus de les exploiter sexuellement, les coopérants font subir à ces mineurs des privations de tout genre. « Parfois, on ne mange qu’une fois par jour et des repas pas toujours commodes et, surtout pour faire quoique ce soit, il faut la permission du coopérant qui agit comme un maître envers ses esclaves« .

     Calvaire

     « Ces mineures, adolescentes généralement aux formes généreuses, sont des proies prisées par des adultes en mal de chair fraiche« , déclare Hélène Yamta, président de la Voix des femmes migrantes au Maroc, une association qui œuvre à tirer ces mineures des griffes de ces hommes migrants qui les exploitent et les tiennent en quasi-esclavage. « Elles sont à la merci de ces barbares qui détiennent leurs documents de voyage et filtrent même leurs communications quand leurs parents les appellent au téléphone pour avoir de leurs nouvelles« .

     Selon un responsable de la Caritas marocaine,  entre 6 et 8 mineures congolaises se présentent chaque semaine pour raconter les viols ou la prostitution qu’elles subissent le long du trajet entre Kinshasa et Rabat. Livrées à des gens peu scrupuleux, très souvent par leurs familles, elles vivent donc un véritable calvaire. Pourtant, elles ne veulent généralement pas rentrer chez elles et espèrent atteindre l’Europe.

     Une chose est sûre : elles ne peuvent pas compter sur les autres migrants congolais pour les aider. Ceux-ci utilisent sans scrupules les services de ces toutes jeunes filles…

     

     

     

    Mohamed MboyoEy’ekula

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